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| Sujet: - Pensées intimes de Frodon Sacquet - Mar 14 Mai - 16:08 | |
| Il existe une certaine cruauté du temps : l’oubli. Les rares souvenirs concernant mes géniteurs sont des émotions douloureuses, de la haine, un visage impossible à oublier et une profonde plainte au cœur. Comment m’avaient ils éduqués ? Comment m’avaient-ils montrés leur amour ? Quels habits préféraient-ils ? Quelles nourritures préféraient-ils ? Toutes ces questions avaient perdu depuis longtemps leurs réponses. Mon esprit ne se souvient uniquement de la douceur dont ils avaient fait preuve leur jour même de leur mort, leur comportement de protection pour ma personne…et leurs cadavres au sol devant mes yeux. Il y avait cette senteur de sang impossible à oublier, ce regard de l’adversaire me regardant dans l’aspiration de me tuer. La même impression éprouvée par mon cœur lors de leur assassinat par des vampires, les flammes déchirants notre vaste havre de paix, impuissants…à cette époque, mes parents finiront en cendres, mon village natale se retrouvera rasée, mon esprit se retrouvant tributaire de la paix de jadis. De moi-même désormais, ces souvenirs sont inexistants. Vagues quelques fois dans mes périodes maniaques, je m’étais interdit de formuler concrètement le bonheur de cette époque…le temps avait eut néanmoins des effets sur moi, mon mental mit à lourde épreuve, et finalement, je finis par oublier, prenant soin de noter mon interdit avant. Un interdit dont je ne me permets même plus l’ouvrir, pour me lamenter des faits, du résultat.
Je remarque, toutefois, encore aujourd’hui, la souffrance ressentie à l’énonciation des sujets de mes parents. Oui, je suis affreusement jaloux de ceux qui ont la chance de les avoir. Oui, je suis envieux de ceux ayant vécu une belle vie avec eux. J’aurais aimé les connaître davantage, me rappeler éternellement de leurs visages, de leurs voix…cela, je ne peux guère le renier, mais j’ai abandonné.
Pendant longtemps, j’ai vécu dans ces désirs. Pouvoir leur parler une nouvelle fois. Pouvoir revoir leurs visages et les prendre tendrement dans mes bras, me créer l’illusion d’un bonheur transcendant. Leur demander de me pardonner de mon impuissance…je croyais qu’ainsi, je ferais mon deuil.
Néanmoins, j’ai réalisé ce dernier en apprenant une vérité dépassant l’entendement. Sans doute était-ce à cause de ce nouveau choc émotionnel que mes souvenirs s’étaient irradiés petit à petit. Mes parents avaient décidés de se débarrasser de moi, d’une manière habile face à ma potentielle gêne…seulement, l’amour avait fini par « primer » à leurs ambitions, et le jour venu, ils s’étaient réfractés. En conséquence, l’être en qui je devais revenir les avait tués.
Je me rappelle encore point par point de ma longue dégringolade mental après l’avoir su. Je ne voulais voir personne, je détruisais, j’hurlais, je me détestais et j’en étais venu à les détester…puis finalement, j’avais considéré leur sacrifice louable. Ils s’étaient repentit à leurs derniers instants, je n’avais pas appartenu à cet être infâme. Alors, je pu renfermer cette page de ma vie. Pas ma culpabilité. |
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